Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/483

Cette page n’a pas encore été corrigée
281
CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


et c’est M. D’Alembert qui est votre ami. S’il fallait faire un sacrifice dans votre vie, y eut-il jamais personne qui le méritât plus que votre malheureux ami ? J’ai le cœur navré ; je vous parlerais d’ici à demain sur le même sujet, et j’attristerais peut-être votre âme, et j’aurais à me reprocher de l’affaiblir, et il vous faudra de la force. Courage, Monsieur, vous êtes dans cet heureux âge où la vertu a toute son énergie. Vous comprenez bien qu’il faut que M. D’Alembert ignore que je vous ai écrit.

M. D’Alembert me surprend à vous écrire, et je viens de lui avouer de bonne foi que je vous proposais le voyage d’Italie. Il m’y parait décidé. Partez de là, Monsieur, pour prendre tous vos arrangements avec lui, mais promptement. Il ne faut pas laisser refroidir une volonté qui sera aussi salutaire à sa santé, et par conséquent aussi nécessaire au bonheur de ses amis. Venez, venez, ou du moins n’ayez pas une pensée, ni ne faites pas un mouvement qui ne soit relatif à cet objet [1].


2. CONDORCET AU COMTE PIERRE VERRI [2].


Ribemont, ce 7 novembre 1771.


J’ai enfin reçu, Monsieur, l’ouvrage que vous aviez eu la bonté de me destiner [3]. Je l’ai lu avec bien du

  1. Les deux amis partirent ensemble, mais ils ne dépassèrent point Ferney.
  2. Frère aîné de l’auteur des Nuits romaines.
  3. Meditazioni sull' economia politica. (Milan, 1771) Cet ouvrage eut en moins de deux ans sept éditions.