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CORRESPONDANCE


des imbéciles et des fripons. Je suis fort aise du canal de Picardie. Si on écoute l’abbé Bossut, ce sera toujours cela de sauvé.


70. A TURGOT.


Ce mardi (fin de mai 1778).


Le mandement a manqué son coup, le grand homme est sauvé [1], et il n’y aura qu’un prêtre de mort. Le curé de Saint-Sulpice [2] est arrivé hier tout courant, pour tâcher d’avoir un corps ou une âme. On lui a dit que le corps n’était pas dans le cas d’être enterré, et que, pour l’âme, depuis qu’elle avait pris de l’opium, on ne savait ce qu’elle était devenue. Elle revient peu à peu. L’affaissement est moindre, la fièvre est calmée, et M. Tronchin répond presque du malade, s’il ne se tue pas.

On a fait une plaisanterie qui me paraît assez bonne ; on a mis au bas d’un de ses portraits ces quatre vers :

Aux cris religieux d’un parterre idolâtre,
En face de lui-même, au milieu du théâtre,
Paris, à ce grand homme, érigeant un autel,
A couronné son front d’un laurier immortel.

(Par M. Gilbert.)
  1. Voltaire. Il mourut peu de jours après cette lettre, le 30 mai.
  2. Faydit de Tersac. Voltaire lui écrivit le 4 mars 1778. (Voyez cette lettre et la réponse, t. XL, p. 452, 453, des œuvres de Voltaire. Voyez aussi ce que dit Condorcet de ce curé de Saint-Sulpice, dans la Vie de Voltaire, t. IV, p. 162 de cette édition.