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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.

Je n’approuve pas du tout que le roi, qui jusqu’ici n’a montré d’autre désir que celui de faire le bien, soit réduit à l’approbation des marchands de tisane ; qu’on n’ait pas voulu, par exemple, que Voltaire, que les autres célébrassent le choix qu’il a fait d’un homme vertueux ; qu’il vît la différence que mettait le public éclairé entre ce choix et les autres. Tout ce qu’on lui a dit à l’oreille du premier homme de la nation, les courtisans le lui diront d’un imbécile dont ils attendent de l’argent ; au lieu que ce qu’on aurait dit de vous en prose et en vers, personne n’aurait osé l’imprimer d’un autre. Vous n’aurez à opposer à l’intrigue que vos talents, vos vertus et votre renommée ; il ne fallait donc pas en étouffer l’éclat, etc.


59. A TURGOT.


Octobre 1775.


On veut que je vous écrive encore sur l’affaire de ces rats qui incommodent mon oncle [1] ; le clergé de Paris a pris son parti. Autrefois on savait se débarrasser des sauterelles et des rats par une simple excommunication. A présent l’Église de Dieu a besoin d’arrêts du conseil. On vous enverra un mémoire qui mettra la justice de cette affaire dans tout son jour.

Mon oncle voudrait aussi que vous lui accordassiez vos bons offices auprès de M. le garde des sceaux. Le clergé doit demander au roi un arrêt fulminant contre une consultation que les curés du

  1. M. Ce Condorcet, évêque de Lisieux, qui avait quelques difficultés avec les prêtres de son diocèse.