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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


conduite du saint assez ecclésiastique. La devise de l’auteur est : Qui malis parcit, bonis nocet.

Je persiste à croire qu’il n’y a aucune raison ni prétexte pour rétablir les parlements, sans les avoir assujettis à des conditions qui mettent les citoyens à l’abri de leur oppression, et avoir réformé ce qu’il y a de plus défectueux dans nos lois. Ces réformes deviendront plus difficiles après le rétablissement. à la vérité, ils ont demandé autrefois des conférences pour examiner et corriger l’ordonnance criminelle : mais quel horrible présent serait-ce faire à la nation qu’un code dressé par les assassins de Lalli, de de La Barre, etc., et quelle honte, dans un siècle éclairé, de charger d’un emploi si important des gens inférieurs de trois siècles à leur temps et ridicules par leurs préjugés ! Je ne vois pas que rien soit bien pressé, excepté le rappel des exilés, qu’on peut regarder comme fort indépendant du reste. Il vaut mieux garder des tribunaux civils encore quelque temps que d’établir des tribunaux tyranniques. D’ailleurs le but secret de toutes ces intrigues est le retour de M. de Choiseul dans le ministère. C’est pour nous donner un ministre déprédateur que l’on veut nous rendre un parlement oppresseur. J’espère que vous n’êtes point la dupe de ce projet, à la tète duquel sont des gens de vos amis, d’esprit accort et souple, qui, selon le vent qui souffle, veulent nous donner tantôt les jésuites, et tantôt le parlement qui les a détruits.

Après le mal d’avoir une religion intolérante, dont la morale dirigée par les prêtres est nécessairement