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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


cent pistoles qu’on lui donne. Il sait d’ailleurs assez de mathématiques pour conduire des travaux, pour lever des plans, et vous pourriez l'employer. Car


    point par ce motif : « Je ne crois pas trop possible ce que me propose M. de Saint-Pierre ; mais je chercherai sûrement à l’employer. » (De Compièigne, le 17 août 1774.)

    Il est donc hors de doute que Bernardin de Saint-Pierre eut à Condorcet des obligations et lui devait de la reconnaissance.

    Il est curieux de voir comment M. Aime-Martin, dans la biographie formant le Ier volume des œuvres de M. de Saint-Pierre, présente les relations de Condorcet avec son héros, ou, pour mieux dire, son dieu : « Le plus dangereux de tous (les ennemis de M. de Saint-Pierre), ce fut le marquis de Condorcet. Ce philosophe était en même temps géomètre, académicien, journaliste, représentant du peuple et président du comité d’instruction publique ; le tout par amour pour l’égalité. Il fit à M. de Saint-Pierre le plus grand mal qu’un homme puisse faire à un autre, en l’empêchant de faire le bien. A cette époque, on parlait de détruire la ménagerie de Versailles ; M. de Saint-Pierre demanda qu’elle fût transportée à Paris....... Condorcet répondit à ces projets d’utilité publique par la destruction de la ménagerie de Versailles : tous les animaux rares furent tués ! Cet établissement eut aussi ses septembriseurs ! Mais le savant géomètre ne s’en tint pas là : l’Europe l’entendit avec surprise demander à la tribune nationale de faire reconnaître comme incontestables les opinions scientifiques adoptées par l’Académie. Un des motifs de cette singulière proposition était d’obliger M. de Saint-Pierre d’approuver, au nom de la loi, les systèmes combattus dans les Études. Le philosophe voulait appuyer l’autorité de Newton par celle de la république ; mais il n’eut pas le bonheur de réussir, etc. » Pages 260, 261.

    Il n’est pas impossible que M. Aimé-Martin ait rédigé cette page sur des notes de Bernardin de Saint-Pierre lui-même. Ceux qui connaissent le véritable caractère de cet homme sensible n’en seraient point surpris. Dans tous les cas, on porte à M. Aimé-