Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/449

Cette page n’a pas encore été corrigée
247
ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


Saint-Pierre, à qui mademoiselle de l’Espinasse avait écrit d’aller vous trouver [1]. Il y a un peu de Jean-Jacques dans son affaire, mais vous ne baissez pas Jean-Jacques.


54. A TURGOT.


Ce jeudi, août 1774.


Le chevalier de Saint-Pierre attend une réponse. Si, comme on le dit, la paix des Turcs laisse libre la mer Noire, il s’y formera de nouvelles brandies de commerce, et le voyage du chevalier de Saint-Pierre dans ces contrées sera fort utile. M. de Bori m’a dit autrefois qu’il y aurait de l’avantage à tirer des bois de construction par la mer Noire.

Je vous envoie une requête de M. de Voltaire [2] ; je n’ai pas besoin de la recommander. Je voudrais qu’elle fut discutée dans le conseil, que le roi vît que le plus grand écrivain delà nation est aussi un des hommes les plus bienfaisants et un des meilleurs citoyens. C’est vraiment un homme bien extraordinaire, et, quoi qu’on en puisse dire, si la vertu consiste à faire du bien et à aimer l’humanité avec passion, quel homme a eu plus de vertu ? L’amour du bien et de la gloire sont les seules passions constantes qu’il ait connues. Ces passions deviennent celles de tous les hommes éclairés, et c’est pourquoi il y a contre eux une ligue si puis-

  1. Voyez, à la fin de la correspondance, la réponse de Bernardin à cette lettre de mademoiselle de l’Espinasse.
  2. En faveur du pays de Gex. Voyez les œuvres de Voltaire, t. XLVIII.