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XXX
BIOGRAPHIE

Je ne sais, mais n’aurons-nous pas donné une explication assez naturelle de la tristesse qu’éprouvait Condorcet en revenant aux mathématiques, si nous remarquons que les géomètres les plus illustres eux-mêmes se montraient alors découragés. Ils se croyaient arrivés aux dernières limites de ces sciences. Jugez-en par ce passage que je copie dans une lettre de Lagrange à d’Alembert : « Il me semble que la mine est déjà trop profonde, et qu’à moins qu’on ne découvre de nouveaux filons, il faudra tôt ou tard l’abandonner. La chimie et la physique offrent maintenant des richesses plus brillantes et d’une exploitation plus facile. Aussi le goût du siècle paraît-il entièrement tourné de ce côté-là. Il n’est pas impossible que les places de géométrie, dans les académies, deviennent un jour ce que sont actuellement les chaires d’arabe dans les universités. »