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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


pas non plus d’un sot qui craint de s’élever contre les tyrans, de peur de faire un jugement téméraire.

A propos de jugement téméraire, on ne juge donc point l’affaire de Beaumarchais [1] ? Messieurs craignent apparemment de juger témérairement.

Voltaire s’est mieux tiré que je l’aurais espéré, de la proposition de travailler à l’éloge du maréchal de Richelieu, dans la Galerie des Hommes illustres.

Adieu, Monsieur ; recevez les assurances de mon amitié. Est-il vrai qu’on ait découvert un complot pour assassiner le comte du Muy ? Ce sont les nouvelles de Marin qui parlent de ce fait.



44. A TURGOT.


Ce dimanche, 16 janvier 1774.


On a joué hier Sophonisbe [2], qui n’a pas été trop bien reçue. L’auteur y a laissé des familiarités qui ont fait rire, et des longueurs qui ont impatienté le parterre. Le commencement du cinquième acte a été sifflé, jusqu’au moment où Lekain dit à Scipion, en lui montrant Sophonisbe expirante : Sur ces bras tout sanglants viens essayer tes chaînes. Ce vers a été dit avec tant de force et de vérité, que le parterre a

  1. Le jugement, rendu un mois après, le 26 février 1774, condamne les quatre mémoires publiés par Beaumarchais à être lacérés et brûlés de la main du bourreau ; ce qui fut exécuté le 5 mars suivant.
  2. De Voltaire, qui la donna comme celle de Mairet, réparée à neuf par M. Lantin. La première représentation (à Paris) eut lieu le 15 janvier 1774.