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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


M. d’Aiguillon restera ministre. Vous voyez à quoi cela prépare. J’ai lu le mémoire des professeurs d’Auxerre [1] : c’est une grande infamie que cette affaire ! Je ne sais trop si l’évêque pourra s’en laver. Mais vouloir faire perdre leur place à ces professeurs, et pour cela leur susciter un procès criminel ; les accuser de discours séditieux ; les juger sur des dépositions d’écoliers, parents des juges, de tonsurés vendus à l’évêque, de nouveaux professeurs actuellement en procès avec eux ; faire un crime d’avoir fait lire Nicole et l’Ancien Testament de Mezangui, c’est une grande barbarie, une plus grande absurdité, et surtout une effroyable bassesse de la part des Auxerrois.

Adieu, Monsieur ; revenez donc nous voir. Mademoiselle de l’Espinasse est mieux depuis quelques jours.



42. A TURGOT.


Ce 10 janvier 1774.


J’ai lu le mémoire des Auxerrois, Monsieur, et j’ai bien peur que leur évêque ne se lave pas aisément du reproche d’être complice d’une des plus lâches atrocités qu’on ait encore vues. Jusqu’ici les noms de conspirations, de magie, etc., avaient servi de voile à ces actes de tyrannie ; mais ici c’est une bassesse avouée ; il y a eu plus de perversité et de

  1. Ils fuient condamnés aux galères. Voyez les lettres 38, 40 et 42.