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CORRESPONDANCE



32. A TURGOT.


(1772 ou 1773.)


Il faut que je vous interrompe encore, Monsieur, pour vous parler de mon affaire [1], dont je suis sûrement plus ennuyé que vous. M. de Trudaine me paraît désirer que l’Académie obtienne une augmentation de fonds ; il me paraît y attacher même beaucoup d’intérêt. Je serais très-fâché d’être un obstacle à ses vues, et je vous prie de vouloir, en traitant avec lui, oublier que je suis au monde. Tout ce que je puis dire sur ce sujet, c’est que lorsque M. de Fouchy [2] se retirera, ou j’aurai des appointements assurés égaux à ceux de Fontenelle, ou que je n’en accepterai point. Je ne veux pas recevoir d’augmentation de pension, à la volonté du premier commis, comme cela se pratique.

J’ai pris la liberté de dire à M. de Trudaine que l’idée de donner 12,000 livres pour des expériences me paraissait fort peu avantageuse aux sciences. Si on en excepte la géométrie, que le nom de M. D’Alembert défend dans l’Académie, on n’y lit aucun mémoire approfondi sur aucune science. Si quelqu’un veut approfondir l’objet qu’il traite, on ne l’écoute point ; toutes les assemblées et tous les volumes sont rem-

  1. Sa nomination à la place de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences.
  2. Grandjean de Fonchy, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. Condorcet lui succéda en 1773, et a fait son éloge. Voyez t. III, p. 310.