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CORRESPONDANCE


honnête homme du monde, mais au demeurant un sot, un lâche et un hypocrite ; que M. D’Alembert n’a point de génie en géométrie, attendu qu’il a dit à M, Sabatier qu’il écrivait du style d’un laquais. D’ailleurs Cogé a proposé pour sujet de prix à l’Université, la proposition suivante : Non magis Deo quam regibus infensa ista quœ hodie vocatur philosophia [1]. Ce qui prouve surtout que Cogé n’entend pas le latin.

Savez-vous qu’on dit que Voltaire a voulu faire l’écolier avec une Génevoise, et que ses efforts ont produit un évanouissement [2] ? Sophocle faisait des tragédies à quatre-vingts ans, mais avait-il des bonnes fortunes ? Je vous en souhaite le désir à l’âge de Voltaire ; vous serez trop sage pour abuser de vos forces, et vous ne jouiriez que du plaisir de pouvoir.

Adieu. En vérité on ne peut rien dire de mademoiselle de l’Espinasse. J’espère beaucoup de l’oxymel scillitique qu’on lui fait prendre.


31. A TURGOT.


Décembre 1772.


Voilà, Monsieur, les nombres que vous m’avez

  1. Voltaire remarque avec raison que Cogé a pris magis pour minus. Il voulait dire : non minus Deo infensa est quam regibus. Il est bon de noter que ce même sujet a été donné à traiter sous la Restauration.
  2. Cette aventure est racontée par Voltaire dans une lettre du 21 décembre 1772 au maréchal de Richelieu. Voyez aussi sa lettre du 4 janvier à Condorcet, page II.