Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/409

Cette page n’a pas encore été corrigée
207
ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


pas surpris que ces inflammations eussent quelque rapport avec le fluide électrique, fluide expansible qui doit s’étendre beaucoup plus haut que l’air, et qui, certainement, est chargé de beaucoup de phlogistique, qui peut-être est l’intermède par lequel le phlogistique que le soleil nous envoie se combine avec les corps solides et fluides où nous le trouvons. Peut-être est-il aussi l’intermède par lequel la chaleur écarte les parties mêmes de l’air, et des autres corps devenus expansibles par la vaporisation. L’affectation des aurores boréales à occuper la partie septentrionale du ciel tiendrait à un mouvement que je soupçonne depuis longtemps dans la partie supérieure de l’atmosphère, de l’équateur au pôle, et qui me parait une suite nécessaire de son expansibilité combinée avec la force centrifuge et la pesanteur. Il y a bien longtemps qu’il m’a passé par la tête d’expliquer par là le mouvement du fluide magnétique ; mais les faits relatifs à ce magnétisme sont encore trop peu connus et trop peu analysés. Pardon de vous faire part de mes rêveries : j’oublie que les géomètres n’aiment pas les systèmes, et qu’il leur faut des calculs. Malheureusement je n’en sais pas faire, et mon imagination s’égare sans frein.

Mademoiselle de l’Espinasse m’apprend que vous travaillez sur quelque objet de littérature ; je ne crois pas qu’il y ait d’indiscrétion à vous demander sur quoi. Je viens enfin d’achever l'Histoire des Deux-Indes [1]. En admirant la facilité et la brillante énergie du style de l’auteur, je vous avoue que je suis

  1. De l’abbé Raynal.