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CORRESPONDANCE



13. A TURGOT.


21 juillet 1771.


J’ai reçu hier votre lettre [1], Monsieur, je l’ai lue avec bien du plaisir et de l’utilité, et j’espère d’ici à quelque temps vous en pouvoir parler avec plus de détail. Mademoiselle de l’Espinasse ne vous écrit pas aujourd’hui, elle est souffrante depuis quelques jouis. On a vu ici, le 17, à dix heures et demie du soir, un météore remarquable : M. Bailly, qui était alors à Chaillot, occupé à observer Jupiter, a aperçu à peu près au zénith, mais du côté de l’orient, une lame de feu qui, au bout de quelques minutes, a éclaté en globules de feu blanc comme les étoiles brillantes des artifices ; leur lumière était tellement grande, que M. Bailly a été ébloui et a cessé de voir les étoiles, et même Jupiter, qui était alors très-brillant. L’explosion n’a été entendue qu’environ deux minutes après la dissolution du météore, et elle a semblé un bruit souterrain. Le phénomène a été vu sûrement à Senlis, à Versailles, à l’extrémité de la forêt de Saint-Germain, à la Chapelle, chez M. de Boulogne. On dit même en beaucoup d’endroits bien plus éloignés ; mais cela est moins sûr.

Adieu, Monsieur, vous connaissez toute mon amitié pour vous.

J’aurai soin de vous mander tout ce que j’apprendrai du météore, et des édits sur lesquels le Parle-

  1. Cette lettre manque.