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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


La Barre, et parce qu’un prêtre y dit en parlant de Dieu :

Si j’en crois ma raison,
Plus il est tout-puissant, plus il doit être bon.

On a sincèrement exigé de l’auteur qu’il ôtât ces deux vers, ainsi qu’un autre où le mot de raison se trouvait. Vous trouverez cependant dans le Mercure que le moyen le plus sûr de rendre les hommes meilleurs et plus heureux est de les éclairer, et que l’estime de ceux qui éclairent les nations peut seule consoler des peines du gouvernement. Voilà ce qu’écrivent des princes ; mais ces princes, élevés par des philosophes, n’ont aucune idée de la politique noble, éclairée, honnête, de nos grands hommes d’État. Adieu, Monsieur ; mademoiselle de l’Espinasse vous écrira pour vous faire compliment sur l’élection de M. Desmarets, qui a réussi malgré tous les opposants. Je crois que nous avons fait une bonne acquisition. Vous connaissez mes sentiments pour vous, ainsi je ne vous en parle plus. Je voudrais vous revoir et causer avec vous sur les malheurs de la raison et de l’humanité, sur nos espérances, s’il en reste encore, et sur les consolations que nous devons attendre du temps, qui met les hommes et les choses à leur place, mais qui ne répare point les maux passés et en amène sans cesse de nouveaux.



11. A TURGOT.


Ce 17 février 1771.


Monsieur, notre littérature a été longtemps sans