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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


apporté. Quand reviendrez-vous voir vos amis ? Ce qui les console un peu de votre absence, c’est que vous ne les quittez que pour faire du bien. Je voudrais que vous en pussiez faire à Paris, et plus en grand : on y gagnerait de toute manière.



6. A TURGOT.


Lundi, 10 décembre 1770.


Monsieur, c’est moi seul qui suis cause de ce que le premier volume de Suétone est arrivé le dernier. J’avais sur ma table les deux volumes cachetés, et j’ai envoyé l’un pour l’autre ; je vous demande pardon de ma bêtise. L’abbé Alari est mort. Je ne sais si on vous a mandé que le président de Brosse [1] se présentait : il serait fâcheux qu’il réussît ; car il a écrit à Voltaire, dans une discussion d’argent, que quand on écrivait contre la religion on devait ménager les présidents. La philosophie a pour ennemis secrets ou connus bien des gens qui en devraient être les défenseurs : ils y gagnent d’être vilipendés pendant leur vie, et dévoués par Voltaire à un ridicule éternel ; ils n’ont point été employés même dans l’éducation de nos princes, et le zèle n’est plus le chemin de la fortune.

Je vous envoie de petits vers de M. de La Harpe à M. de Marchais. Mercredi, il en lira de grands [2]

  1. Voir une lettre de Voltaire, 1771, n° 6056.
  2. Sa tragédie de Barnevelt. Voyez la lettre suivante.