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CORRESPONDANCE


ger selon les lois fondamentales du royaume. Il m'a donné un soufflet, et je lui ai bien dit son fait, disait Pourceaugnac. On délibérera aujourd’hui sur la réponse du roi, et j’aurai soin de vous mander dimanche ce qui résultera de toute cette affaire, qui, je crois, se terminera à l’amiable.

Il y a eu dans plusieurs provinces autour de Paris des inondations moins terribles que celles qu’éprouvent quelquefois les provinces méridionales, mais qui ont fait périr quelques hommes, beaucoup de bestiaux et produit la disette en emportant les moulins. Personne ne pense ici à ce désastre : le Parlement et un début à la Comédie-Française [1] absorbent tout l’intérêt du public. Il est question de savoir si Le Kain sera remplacé et le chancelier déplacé, et non pas si le peuple de l’Orléanais et du Gâtinais aura du pain et des maisons. L’intendant d’Orléans s’est donné beaucoup de peines pour cela ; on ne lui en sait aucun gré, et l’on admire uniquement, selon qu’on est affecté, ou M. de La Rive, qui a débité de beaux vers avec grâce sur le théâtre de la Comédie-Française, ou Pasquier, qui a déclamé gauchement de maussade prose dans l’assemblée des chambres.

Adieu. Monsieur. Mademoiselle de l’Espinasse va beaucoup mieux : elle sortirait sans un effort de raison. Je ne sais encore si Suétone part ira aujourd’hui [2] ; je l’ai demandé en feuilles, et on ne me l’a pas encore

  1. Celui de La Rive.
  2. La traduction de Suétone, par La Harpe.