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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


tranquillement faire du mal ; mais quand on s’avise de vouloir leur faire du bien, alors ils se révoltent et trouvent que c’est innover. Il y a sur ce sujet un charmant commentaire de Voltaire sur ce proverbe, Ne nous renvoyez pas aux glands. C’est à l’article Blé. Nous avons lu ces articles jusqu’à F inclusivement. L’article Épopée est rempli de traductions en vers de poètes étrangers ou anciens, et ces traductions sont charmantes.

Adieu, Monsieur ; notre correspondance avait cessé, mais non pas notre amitié, du moins de ma part. On m’a fait trembler en me disant que vous ne reviendriez pas plus cet hiver que le précédent ; j’aurais de la peine à m’accoutumer à cela. Mais il faut espérer que nous n’aurons pas à la fois la guerre, la peste et la famine. Ce sont les économistes qui sont cause de tout cela, avec les dénombrements qu’ils mettent tous les mois dans les éphémérides. Ces dénombrements portent malheur à l’espèce humaine : celui de David a valu la peste au bon peuple de Dieu ; vous savez ce que nous a valu le dénombrement d’Auguste.


4. A TURGOT.


Ce dimanche, 2 décembre 1770.


Si vous n’avez pas aujourd’hui un volume du Suétone de M. de La Harpe, c’est ma faute ; je vous en demande pardon, et j’espère. Monsieur, la réparer mardi. Je suis fâché que M. de La Harpe compare Henri Quatre à César, parce qu’ils ont fait tous deux la guerre en France, et qu’ils ont été tous deux