Qui pérorait ânonnant, ânonnant
Gesticulait, dandinant, dandinant,
Et raisonnait toujours déraisonnant.
C’était Orner, de pédante mémoire,
Qui des catins de tous temps le héros
Est maintenant le soutien des dévots ;
Orner fameux par maint réquisitoire,
Qui depuis peu vient d’enterrer sa gloire
Sous un mortier, pour jouir en repos
De son mérite et du respect des sots.
Un peu plus loin sortait d’une simarre
Un teint blafard surmonté d’un poil blond.
Un plat visage, emmanché d’un cou long :
Le Saint-Fargeau[1], qui, saintement barbare.
Offrait à Dieu les tourments de La Barre.
Très-digne fils de son très-digne père.
Déjà Michau[2] pour être commissaire
Se présentait : mais l’avocat Séguier
Dit qu’on devait cet honneur à Pasquier,
Grand magistrat, sévère justicier,
Porteur d’esprit du président d’Aligre.
Deux gros yeux bleus où la férocité
Prête de l’âme à la stupidité,
- ↑ Michel Lepelletier de Saint Fargeau, avocat général au parlement de Paris. Turgot fit, en 1769, une satire dont il est un des héros, et à laquelle Condorcet propose d’ajouter ces vers.
- ↑ Michau de Montaron de Montblin. La satire contre Michel et Michau lut attribuée à Voltaire. Voyez la lettre de D’Alembert à Voltaire, du 15 octobre 1769, et celle du 9 novembre.
graphie universelle, qui en cite deux sur le conseiller Pasquier, conclut qu’ils prouvent dans le caractère de Turgot « beaucoup de penchant pour la satire. » On voit ici que ces vers sont réellement de Condorcet.