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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


vous me permettre de lui envoyer celui que je possède ? Je ne peux m’en défaire qu’à condition qu’on multipliera cet excellent volume, qui n’est pas fait pour tout le monde, mais que tout le monde devrait étudier.

Le vieux Raton a bien besoin de consolations ; il en cherche dans les écrits et dans l’amitié dont le plus que Pascal et plus que Fontenelle veut bien l’honorer.


77. A VOLTAIRE.


Ce 5 mars 1777.


Mon cher et illustre maître, l’auteur des Mânes [1] est M. Gudin, qui a fait autrefois une tragédie intitulée : Le royaume en interdit ou Lothaire, dans l’intention, disait-il, de mériter l’honneur de la Bastille. Malheureusement sa mère l’obligea à retrancher les mots dont il avait fortifié sa pièce, et il eut l’humiliation de conserver sa liberté. Les Mânes de Louis XV ne la lui feront point perdre. Il n’y a dit de mal que de ce que vous savez [2], et les gens qui ont de la puissance ne se soucient de ce que vous savez, que lorsqu’elle leur fournit un prétexte pour nuire aux gens de bien, dont ils craignent les lumières et le courage.

J’ignore absolument si la terre sera gelée ou si elle sera réduite en poussière par le choc d’une comète,

  1. Voyez lettre 76.
  2. De la religion.