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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Vous recevrez aussi un exemplaire des remontrances du parlement contre M. Turgot. Vous n’avez pas besoin de cette pièce pour connaître la turpitude de ces messieurs ; mais elle est assez curieuse par son absurdité, pour que Vous soyez bien aise de la lire.

Nous n’avons rien ici de nouveau. Nos sottises et notre bonté vont toujours croissant : le Génevois [1] emprunte de tous côtés ; le garde des sceaux empêche le plus qu’il peut d’imprimer des choses raisonnables ; M. de Maurepas se joint à eux deux pour corrompre le roi le plus qu’il est en eux, et ils tâchent de ne lui épargner aucun des vices dont sa constitution le rend susceptible.

Le cardinal de La Roche Aymon va mourir : c’est un fripon et un hypocrite de moins. Il sera remplacé par l’évêque d’Autun, qui est un homme honnête et si peu fait pour le reste du ministère, que je regarderai comme un miracle s’il peut y rester.

M. de Saint-Germain et l’archevêque ont voulu établir une communauté d’ex-jésuites ; la troisième chambre des enquêtes ne l’a point voulu, et l’a emporté.

Toute la canaille qui nous domine se fait une guerre sourde, elle ne tardera pas à éclater ; mais qu’importe, le peuple payera toujours les frais de la guerre.

Adieu, je vous embrasse et vous aime bien tendrement. Madame Suard vous remercie de la lettre charmante que vous lui avez écrite, et je dois vous

  1. M. Necker.