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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


désastreuse que celle qui vient de s’écouler. J’ai vu Papillon Philosophe [1] ; il est fort aimable et vous aime à la folie. Adieu, je vous embrasse. Vous connaissez mon respect et mon tendre attachement. Je voudrais bien que l’année ne se passât point sans que je fisse un pèlerinage à Ferney.


74. A CONDORCET.


8 janvier 1777.


Je vous renvoie, mon vrai philosophe, votre convive, M. de Villevieille, qui est philosophe aussi et bien digne d’être votre ami. C’est lui qui m’a apporté Blaise [2]. Le succès de votre Biaise est une grande époque. Je me souviens du cri public qui s’éleva, et de la persécution dioclétienne que certain pauvre diable essuya, quand il osa toucher du bout du doigt à cette idole [3]. Les cuistres d’Ignace, qui avaient alors un très-grand crédit, n’osèrent pas même refuser de jeter des pierres au blasphémateur. Enfin vous avez montré au peuple le dedans de la

  1. Madame de Saint-Julien.
  2. L’éloge de Pascal, et les remarques sur ses pensées, vol. III, p. 567.
  3. Voltaire lui-même, qui avait publié en 1774, à la suite des Lettres philosophiques sur les Anglais, quelques remarques sur Pascal. On sait comment les Lettres philosophiques furent condamnées et brûlées à la sollicitation du clergé, et toute la persécution qu’elles attirèrent sur leur auteur, parce que cet auteur y soutenait le système de Locke et combattait les idées innées. Cela se passait dans le temps des miracles de saint Paris et du jésuite Girard.