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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


gloire et cette puissance, il fallait les trouver et les fournir, sous peine d’être écrasé par l’impitoyable Louvois.

Je vous prierais de remarquer que Jean-Baptiste, à sa mort, laissa une fortune fort au-dessous de celle de son rival, et que Sceaux a coûté quatre fois moins que Meudon. Maximus ille est qui minimis urgetur [1] .

Je vous dirais encore de songer que Jean-Baptiste débrouilla le chaos, et que ce chaos existait depuis le très-chrétien Clovis. Jean-Baptiste était meilleur courtisan que citoyen. Je regrette toujours un homme qui était citoyen et point du tout courtisan [2]. Je vous avouerai même que, dans le moment présent, je suis la victime du bien qu’il a voulu faire à la petite patrie que je me suis choisie. Mes derniers jours sont un peu persécutés en littérature et en affaires. Il faut savoir souffrir et mourir, c’est l’état de l’homme. Je souffrirai et je mourrai en vous aimant et en vous révérant.


73. A VOLTAIRE.


Ce 1er janvier 1777.


Mon cher et illustre maître, j’ai reçu vos deux lettres [3]. Je trouve que Confucius a mieux défini la

  1. Il y a dans Horace : optimus ille est.
  2. Turgot.
  3. Lettres 71 et 72. Voyez, à la fin de la première, la question à laquelle Condorcet répond ici.