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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


triomphent. Peut-être tout cela changera dans soixante et quatorze mille ans, quand tout sera gelé [1].

Je vous embrasse très-tendrement du fond de ma caverne.


70. A VOLTAIRE.


Ce 28 novembre 1776.


Mon cher et illustre maître, je vous demande vos bontés pour le journal de feu Linguet [2]. Vous avez dû y voir avec quel zèle M. de La Harpe y défend la cause du bon goût et de la raison. Je voudrais que, dans une lettre ostensible, vous voulussiez bien dire de ce journal ce que vous en pensez. Votre suffrage vaudra beaucoup de souscriptions. Vous ferez grand plaisir à M. de La Harpe, qui vous est tendrement attaché, et nous ne vous demandons, au nom de la littérature française, que quelques lignes de prose. Nous ne sommes pas si difficiles que madame de l’Enveloppe [3], à qui il faut des vers. Je les ai vus enfin. C’est Caton qui me les a envoyés ; M. de l’Enveloppe n’a pas trouvé l’encens assez fort pour les montrer.

J’ai bien peur que nous ne nous battions bientôt pour les déserts, que les Espagnols et les Portugais disputent aux chacals du Brésil. Depuis le mois de

  1. Suivant la prédiction de Buffon.
  2. Journal de politique et de littérature.
  3. Mme Necker. Voy. lettre n° 68.