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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


vanité. Je suis fâché de ces vers. Vous ne savez pas assez quel est le poids de votre nom, et que vous n’avez pas besoin de louer un sous-ministre pour qu’il respecte tout ce qui tient à vous. Ces espèces d’hommages rendus successivement à des gens de partis différents nuisent à la cause commune. L’Enveloppe, avec toute sa vanité, ne croira jamais que vous puissiez le mettre sur la même ligne que Caton. Il sent qu’il aura beau s’enfler et qu’il crèvera plutôt que d’y atteindre. Ainsi vous lui avez fait moins de plaisir, que vous ne faites de peine aux partisans de Caton. Or ce parti est celui de la raison et de la vertu. Adieu, je vous embrasse et vous aime très-tendrement.

On dit que vous louez Caton dans vos vers à l’Enveloppe. Je me rappelle un jeune étranger qui me disait : J'ai vu trois grands hommes eu France, M. de Voltaire, M. D’Alembert et M. l’abbé Voisenon.



69. A CONDORCET.


22 novembre 1776.


Raton, mon respectable philosophe, est depuis vingt ans l’ami de madame l’Enveloppe, et lui a eu en divers temps quelques obligations. Il ne faut point être ingrat envers ses amis parce qu’il leur arrive quelque bonne fortune.

On n’a point envoyé ce qui s’appelle des vers à la louange, des vers à mettre dans le Mercure ; on a écrit une lettre familière, en vers familiers, selon son usage, et on ne l’a montrée à personne.