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CORRESPONDANCE

Quand je saurai des détails, je tâcherai de trouver moyen de vous les envoyer sans que la canaille de la poste intercepte mes lettres.


67. A CONDORCET.


1er novembre 1776.


Raton n’avait que parcouru Pascal pendant qu’il faisait relier les Réflexions sur le commerce des blés [1]. Raton a été tout étonné de se sentir intéressé par cet ouvrage, qui ne roule que sur des pauvretés humaines, après s’être vu enlevé par la sublime métaphysique, et par les grands objets qui se présentent dans Biaise. Il y a je ne sais quoi de divin dans ce mélange de Biaise Condor ; mais les Réflexions sur le commerce des blés sont si humaines, que Raton y est entré tout de suite avec un extrême plaisir, quoi qu’il eût la tête encore pleine de l’éloge de Biaise, de l’argument de Locke, de l’incertitude de nos connaissances naturelles, d’Épictète et de Montagne, de l’addition et de l’amulette mystique.

Raton, revenant donc de ce troisième ciel dans notre monde, a été charmé quand il a lu, lhomme aime mieux dépendre de la nature qne de ses semblables ; il souffre moins à être ruiné par une grêle que par une injustice ; il a ri à la grandeur des riches, à l'ENVELOPPE des principes dans la pensée [2]. Il se souvient d’avoir fort connu celui qui disait : J’aime

  1. Vol. XI, p. 99.
  2. Expressions tirées d’un écrit de M. Necker.