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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


comptes, M. de Nicolaï lui a fait un compliment qui était une satire de l’administration précédente. La raison en est que M. Turgot lui a refusé de l’argent pour son frère.

On dit tout haut que tout ce qui compose le ministère sera chassé incessamment pour faire place à M. de Choiseul.

Je vous embrasse et vous aime comme vous savez.


62. A CONDORCET.


11 juillet 1776[1].


Mon esprit et mon cœur vous remercient, intrépide et vrai philosophe, d’avoir bien voulu me faire l’analyse de cette pièce de théâtre [2]. Je ne la connaissais que par des récits infidèles : vous m’en parlerez comme un grand connaisseur. Le héros principal est un Caton ; mais les Caton ne sont pas faits pour réussir chez une nation qui n’aime plus que l’opéra-comique. Je voudrais pouvoir voir l’auteur avant de mourir. Je fais actuellement un recueil de tous ses ouvrages que j’ai pu rassembler. Il me paraît que c’est une collection unique, elle sera un jour bien précieuse. Si vous le voyez, je vous prie instamment de lui dire combien je révère et combien j’aime son génie et son caractère.

  1. Cette lettre est celle que Voltaire envoyait à M. de Vaines (éd. B., t. XX, p. 89), et que M. Beuchot croyait perdue.
  2. L’intrigue par laquelle Maurepas fit renvoyer Turgot, exposée dans la lettre 61.