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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


ment, et eut soin de le nourrir. Il devait la dignité de chef de la magistrature à son talent pour jouer les Crispins, et au mérite d’avoir fait rire madame de Maurepas et ses femmes en jouant des parades à Pont-Chartrain. Livré toute sa vie à la crapule, il joignait le ton le plus bas à lame la plus vile. Dans les temps où l’on payait les parlements, il avait reçu quatre cent mille francs pour payer ses dettes. Malheureusement, il avait assez d’esprit pour sentir combien M. Turgot devait le mépriser, et qu’il ne pourrait, tant qu’il serait en place, ni se faire donner de l’argent ni en prendre. Les édits de M. Turgot étaient dressés, il fallut les communiquera M. de Maurepas, au garde des sceau et à M. de Malesherbes. Le garde des sceaux, après avoir d’abord combattu celui des jurandes, sut, par ses émissaires, que l’édit des corvées était celui qui offensait le plus les parlements. Plus de la moitié des membres de ce corps, sortis ou de la finance ou de la valetaille du siècle dernier, tenait fortement aux privilèges de la noblesse. Le garde des sceaux dirigea en conséquence ses efforts contre l'édit des corvées. Il donna au roi un mémoire digne des charniers Saint-Innocent. M. Turgot eut la bonté d’y répondre en détail. Le roi lut tout cela, il parut convaincu. Dès lors le garde des sceaux n’osa plus s’opposer directement, il se contenta de soulever en secret les parlements. Il fit dire au roi, par M. de Maurepas, que M. Turgot était un ennemi de la religion et de l’autorité royale, et qu’il allait bouleverser l’État.

On chargea Seguier défaire des réquisitoires, tan-