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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

est le chef en titre d’un bureau d’espionnage, et de l’espionnage de la plus vile espèce. Or cet homme montre, non pas nos lettres, il ne l’oserait, mais des extraits de nos lettres, non pas au roi, qui est trompé, et que certainement M. Rigolei ne veut pas détromper, mais à toutes les personnes puissantes. Les secrets de toutes les familles, de toutes les amitiés étaient livrés par lui, il y a quatre ans, à madame du Barri et à sa séquelle. Je ne sais à qui il les livre à présent.

Adieu, mon cher et illustre maître ; nous avons fait un beau rêve, mais il a été trop court. Je vais me remettre à la géométrie et à la philosophie. Il est bien froid de ne plus travailler que pour la gloriole, quand on s’est flatté pendant quelque temps de travailler pour le bien public.


61. À VOLTAIRE.
12 juin 1776.

Mon cher et illustre maître, M. Panckoucke me met à portée de vous écrire la vérité tout entière.

Vous connaissez le comte de Maurepas, sa faiblesse, sa frivolité, et sa jalousie contre tous les talents supérieurs.

C’était par une impulsion étrangère qu’il s’était déterminé à faire M. Turgot contrôleur général. Le caractère, la vertu, les grandes vues de M. Turgot

    Voltaire parle de Rigoley d’Ogny comme d’un homme à qui « sa colonie a les plus grandes obligations. » (Lettre à d’Argental, 19 avril 1776.)