Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée
110
CORRESPONDANCE

Je prends la liberté de dire à son ministre que Messieurs ne sont pas tout à fait le sénat romain.

Madame Denis est enchantée de votre style et de votre intrépidité. Continuez et rendez ces gens-là bien ridicules et bien méprisables, jusqu’à ce qu’on les renvoie aux gémonies dont on les a tirés.

Ces Welches de Paris aiment tendrement leurs rois ; ils n’en ont encore assassiné que trois, et n’ont condamné au bannissement perpétuel que Charles VII.



57. A CONDORCET.


3 avril 1776.


Enfin donc, mon respectable ami, les partisans de la raison et de M. Turgot triomphent. Grâce à Dieu et au roi, nous voilà dans le siècle d’or jusqu’au cou.

On a fait courir dans Paris une lettre que j’avais écrite à M. de Boncerf, le brûlé [1]. Je ne m’en défends pas, si on l’a donnée telle que je l’ai écrite ; mais puisque mes lettres courent ainsi le monde, en voici une au roi de Prusse que je serai fort aise qu’on connaisse, ne varietur [2].

Il est assez plaisant d’ailleurs qu’on sache combien ce monarque et moi, chétif, nous nous sommes mutuellement pardonné : Amantium ira amoris redintegratio.

Il me semble que les pères de la patrie ont fait

  1. Premier commis de Turgot, auteur des Inconvénients des droits féodaux. Voyez lettre 57. La lettre de Voltaire à M. de Boncerf est du 8 mars 1776.
  2. Du 30 mars 1776. Voyez la correspondance de Voltaire.