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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


56. A CONDORCET.


16 mars 1776.


Vraiment, mon éloquent philosophe, vous aviez grand tort de ne me pas envoyer le chef-d’œuvre qui commence par Bénissons le ministre bienfaisant [1], accompagné de la comédie de l’Esprit de contradiction, relativement à l’édit de Henri III.

Il me fallait un tel ouvrage pour me réveiller de l’assoupissement où certains discours académiques venaient de me jeter. Je vous répète que si vous ne me faites pas l’honneur d’être des nôtres cette fois-ci, je m’en vais passer le reste de ma jeunesse à l’Académie de Berlin ou à celle de Pétersbourg. Il faut que M. D’Alembert et vos autres amis remuent le ciel et la terre pour écarter les hommes médiocres.

On me mande que ces Messieurs ont fait de belles remontrances, parfaitement bien reçues et qu’ils en vont faire d’itératives.

Nous en avons fait aussi dans notre petit pays. Vous n’y trouverez que la simplicité helvétique, et vous nous pardonnerez la liberté grande.

Je remercie du fond de mon cœur M. et Mme Suard ; mais j’opère toujours mon salut avec crainte et tremblement [2].

Je reçois dans ce moment votre lettre du lo mars [3]. Voici le siècle de Marc-Aurèle.

  1. Sur l’abolition des corvées, tome XI, page 87. Voyez les lettres nos 46 et 48.
  2. Relativement à l’édition de ses œuvres en 40 volumes. Voyez la lettre précédente.
  3. Elle manque.