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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


rice de je ne sais quel libraire nommé Bardin.

J’avertis que je serai le premier à me plaindre si on débite dans Paris un seul exemplaire de cette collection abominable de Bardin ; que je demanderai la protection de M. le garde des sceaux contre ce Bardin ; que je poursuivrai ce Bardin jusqu’à ma mort, et que je chargerai mes héritiers de poursuivre ce Bardin.

Je vous prie encore une fois, mon illustre philosophe, de tirer le frère de madame Suard de ce précipice.

Je suis outré contre elle de ce qu’elle ne m’a point répondu. Il est très-nécessaire que son frère et elle m’instruisent de tout. Un libraire de Paris ne doit pas regarder une telle affaire comme un objet de commerce, mais comme un objet de potence. Soyez très-sûr qu’on n’épargnera personne, et que le même esprit de fanatisme et de rage qui vient de porter Saillant le fils à dénoncer son propre père [1], portera les sicaires à de plus sanglantes extrémités.

Je vous embrasse tendrement ; je pleure sur le genre humain. Je compte sur votre amitié, sur votre zèle et sur vos bontés.

Permettez-moi de vous adresser ce petit mot que j’écris à M. Gaillard ; faites-moi l’amitié de le lui remettre. Envoyez-moi sa réponse par M. de Vaines ; pardonnez-moi mes importunités et mes inquiétudes.

  1. Pour avoir imprimé la Philosophie de la nature. Voyez la lettre n° 51.