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CORRESPONDANCE


de Louis le Hutin et de plusieurs de nos rois. L’accomplissement d’un tel ouvrage serait bien digne du gouvernement présent. Je ne doute pas que vous n’en parliez à ces deux dignes ministres, avec votre éloquence de la vertu, quand cette requête sera envoyée dans un temps favorable.

J’attends les nouveaux ouvrages de M. Turgot, contre lesquels on se déchaîne sans les connaître : il ne faut courir ni deux lièvres ni deux édits à la fois.

Je vous embrasse tendrement vous et votre digne ami M. D’Alembert. Je vous demande en grâce de m’écrire ce que vous pensez tous deux de ma lettre. Conservez-moi l’un et l’autre une amitié qui fait la consolation de mes derniers jours.

V.


49. À VOLTAIRE.


Ce 11 février 1776.


Mon cher et illustre maître, les grandes robes ont enregistré l’édit de la cour de Poitiers, et nommé des commissaires pour les cinq autres. Ces commissaires ont déjà approuvé celui qui supprime les conseillers du roi, et l’on présume que tout se passera doucement. C’est à la fermeté du roi que nous devons ce miracle. M. le prince de Conti, quoique mourant, se traîne à toutes les assemblées de commissaires, pour lâcher de conserver à la France le bonheur d’avoir des corvées, et pour établir ce grand principe, que le peuple est de sa nature corvéable et taillable. Mais ce grand prince a beau faire, les corvées et lui s’en iront ensemble.