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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


pouvez écrire en toute assurance à ce vieux malade qui vous sera tendrement attaché jusqu’à sa mort.

Je me doutais bien que le prétendu refroidissement de deux grands hommes faits pour s’aimer, était une de ces absurdes calomnies dont votre ville de Paris est continuellement inondée. Une nouvelle plus vraie me désole : c’est la goutte et la fièvre du meilleur ministre des finances que jamais la France ait eu.

Je suis tombé dans le malheureux contre-temps de lui envoyer un long mémoire, en qualité de commissionnaire de nos petits États [1]. Je ne pouvais deviner qu’un accès de goutte le mît au lit dans le même temps que je lui écrivais. Je l’avais prié de me faire réponse par M. Dupont, en marge de mon mémoire ; et si vous voyez M. Dupont, je vous serai très-obligé de vouloir bien lui en dire un mot.

Je ne crains point la compagnie du métier de saint Matthieu, que vous appelez la canaille du sel : notre grand ministre nous en a délivrés pour nos étrennes, et probablement pour jamais. Sa déclaration est enfin enregistrée au parlement de Dijon. Ce parlement s’est réservé de faire des remontrances ; mais elles seront bien peu importantes et assez inutiles : il faut bien lui laisser le plaisir de se faire valoir.

Les deux autres canailles dont vous me parlez me

  1. Voyez la lettre précédente, n°47. — Le mémoire en question se trouve t. XLVIII, p. 172, des œuvres de Voltaire.