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CORRESPONDANCE


du bien à saint d’Étallonde, le martyr de la philosophie [1].

Cela console un peu Raton de tout le mal qu’on fait ailleurs ; il sera fort fâché de mourir sans avoir eu la consolation d’embrasser les deux Bertrands.


46. VOLTAIRE.


Ce jeudi, décembre 1775.


On vous a peut-être mandé, mon cher et illustre maître, que sur la délation d’Éprémesnil et la réquisition de maître Séguier, la cour avait supprimé une petite feuille [2] dont j’étais véhémentement soupçonné d’être l’auteur, et qu’il y avait en même temps des voix pour me brûler en papier ? Il n’y a rien de plus vrai et de plus ridicule. L’Éprémesnil est un petit Américain qui, à force de faire donner des coups de fouet à ses nègres, est parvenu au point d’avoir assez de sucre et d’indigo pour acheter une charge de conseiller du roi brûleur de papier. Mais vous ne savez pas qu’au moment où je vous écris, on porte au parlement la suppression des conseillers du roi languayeurs de porcs, et que les autres conseillers du roi se préparent à prendre la défense de leurs confrères.

  1. « J’ai honte de vous envoyer des vers : c’est jeter une goutte d’eau bourbeuse dans une claire fontaine ; mais j’effacerai mes solécismes en faisant du bien à Divus Etallundas, martyr de la philosophie. » (De Frédéric, 8 septembre 1775.)
  2. Sur l’abolition des corvées, publiée sans titre ni nom d’auteur. T. XI, p. 87.