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CORRESPONDANCE


Beaumont, non pas à l’archevêque, mais à l’avocat, en lui donnant ce paquet de notre Prussien.


38. A CONDORCET.


26 avril 1775.


Le premier point de mon sermon est l’abominable superstition populaire et parlementaire qui s’élève contre la liberté du commerce des blés et contre la liberté de tout commerce. Vous voyez les horreurs qu’on vient de commettre à Dijon [1]. Dieu veuille que les fétiches n’aient pas excité sous main celle petite Saint-Barthélemy ! Il semble qu’on prenne à tâche de dégoûter le plus grand homme de la France [2] d’un ministère dans lequel il n’a fait que du bien. La nation des Welches est indigne de lui. Mais il y a des Français à qui sa gloire sera toujours chère, et qui combattront sous ses étendards, qui sont ceux de la vertu et du bien public.

Les Welches sont fous et barbares ; mais les vrais Français sont honnêtes.

On dit qu’on crie à Paris parce que le pain blanc est renchéri de deux liards. Nous sommes moins difficiles dans notre petit canton ignoré ; le blé vaut actuellement chez nous 42. liv. le setier de Paris, et nous ne crions point, parce que nous savons très-bien que notre terrain n’est pas celui de Babylone, ou d’Égypte, ou de Sicile.

  1. Il y avait eu une émeute violente, dans laquelle on avait jeté deux cents setiers de blé à la rivière. Voyez les lettres à Mme de Saint-Julien, du 5 mai, et à M. de Vaines, du 8 mai 1775.
  2. Turgot.