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CORRESPONDANCE


trera, et si vous n’êtes pas tous deux saisis d’indignation, si les larmes ne vous viennent pas aux yeux, je serai bien étonné. J’en ai longtemps versé sur cette exécrable aventure. Elle est plus atroce que celle de Calas et celle de Sirven. J’en viendrai à bout, ou je mourrai dans ce combat.

Je vous embrasse, mon cher philosophe intrépide, avec tendresse et avec respect.

V.


37. A CONDORCET.


Lundi, 24 avril 1775[1].


Je n’aurai que ce soir, mon cher philosophe citoyen, cet ouvrage aussi agréable que solide, dont vous m’avez confié le manuscrit [2].

En attendant, en voici un autre qu’on met sous votre protection ; j’envoie le paquet tout ouvert à M. de Vaines, votre ami, qui est si digne de l’être. Vous feriez une bien belle action de donner vous-même ce mémoire à Élie de Beaumont, et d’en raisonner avec lui.

Il est bien triste qu’on ait déjà pris le parti de demander des lettres de grâce à M. le garde des sceaux. Ce mot de grâce, comme je le mande à d’Hornoy, déchire l’oreille et le cœur. Nous rejetterions ces

  1. Cette lettre fut envoyée, sous le couvert de M. de Vaines, avec l’exemplaire du Cri du sang innocent dont il est question dans la lettre précédente. Voltaire y joignit des papiers pour Élie de Beaumont, avocat des Calas, des Sirven et de d’Étallonde. Voyez la lettre à M. de Vaines, du 24 avril 1775.
  2. Les Réflexions sur le commerce des blés. Voyez lettre 40, page 80.