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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


nistre qu’ait jamais eu la France. Il devrait être imprimé au Louvre par un ordre exprès du roi ; mais je vois bien qu’on respecte encore certains anciens préjugés et certaines gens, qui, à mon gré, ne sont guère respectables. Quoi qu’il en soit, j’envoie l’ouvrage à un imprimeur qui vient d’achever la grande Encyclopédie.

Je vous ai écrit un petit mot par un voyageur ; je vous ai exposé mon très-juste chagrin de la méprise de M. de Tressan [1]. Vous sentez combien il serait dangereux, dans le moment présent, de m’imputer un ouvrage dans lequel le roi de Prusse est comparé à Vanini. Cet excès de ridicule pourrait être très-funeste dans les circonstances dans lesquelles vous savez que nous sommes. Je ne suis guère moins fâché contre mon neveu [2], qui, avec les meilleures intentions du monde, a toujours la rage des formes, en qualité de conseiller au parlement, et qui veut des lettres en chancellerie dont nous ne voulons point du tout, et que notre brave et très-sage officier refuserait avec horreur si on les lui présentait.

Je profiterai incessamment des bontés et de la philosophie de M. de Vaines. Je lui enverrai un mémoire pour mon neveu [3] ; il le lira, il vous le mon-

  1. Voyez ci-dessus la lettre du 10 avril.
  2. M. d’Hornoy, qui dirigeait les démarches de Condorcet et de D’Alembert, pour la révision du procès La Barre.
  3. Un exemplaire du Cri du sang innocent, destiné à M. d’Hornoy, neveu de Voltaire. L’exemplaire fut adressé avec une lettre à M. de Vaines, trois jours après, le 24 avril. Voyez la lettre suivante.