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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Ce mémoire prouvera, par des pièces que j’ai dans mes mains :

1° Qu’un homme abhorré dans son pays [1] jura de perdre la tante du chevalier, parce qu’elle n’avait pas voulu donner en mariage au fils de cet homme une demoiselle riche qu’elle protégeait ;

2° Que cet homme exécrable, qui était un conseiller du siège, fit jeter des monitoires, inventa des accusations absurdes qui tombèrent d’elles-mêmes ;

3° Qu’enfin il se réduisit aux charges qui ont opéré une partie de ses desseins ;

4° Qu’il ne jugea qu’avec deux assesseurs ; que de ces deux il y en eut un qui, à la vérité, s’était fait recevoir docteur es lois à Reims pour 45 fr, comme l’honnête du Jonquay, à Paris [2], mais qu’il ne fut jamais que procureur et marchand de cochons dans sa ville. J’ai la lettre du magistrat du pays qui l’atteste ;

5° Que les lois ne permettent pas qu’on juge ainsi un gentilhomme dans un présidial ;

6° Que si cette exécrable sentence, que j’ai vue à la fin de six mille pages d’écriture, fut confirmée par un arrêt, c’est que le tribunal qui rendit cet arrêt ne put (à ce qu’on dira) examiner l’énorme procès : c’était dans la guerre civile des billets de confession. Le feu était dans le royaume : il fallait

  1. Duval de Saucourt. Voyez, sur cet homme, Le cri du sang innocent, tome XLVIII, page 126, des œuvres de Voltaire.
  2. Du Jonquay, dans l’affaire du comte de Morangiès contre les Véron. Voyez tous les écrits relatifs à cette affaire dans le tome XLVII des œuvres de Voltaire.