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CORRESPONDANCE

Mes Bertrands, mes clignes Bertrands, si vous pouviez voir mon d’Élallonde, vous seriez tentés d’exterminer les auteurs d’un arrêt par lequel on devait couper la main qui dessine mieux qu’aucun ingénieur, des plans de fortifications, de sièges, de batailles, et des cartes géographiques ; arracher avec des tenailles ardentes une langue qui ne parle qu’à propos et qu’avec la plus grande modestie, et jeter dans les flammes une figure douce et aimable, qui n’a jamais commis le moindre excès. Les pleurs me viennent aux yeux, et la rage me vient à l’âme, quand je considère qu’un seul bigot d’Abbeville [1] a produit toutes ces horreurs, cent fois plus infernales que l’assassinat des Calas.

Nous aurons la preuve que toutes ces accusations contre d’Élallonde sont autant de calomnies. Souvenez-vous bien, mes bons Bertrands, que nous ne demandons qu’un sauf-conduit honorable, tel qu’on le doit à un officier de Frédéric. Songez bien que c’est à M. de Vergennes à donner ce sauf-conduit, qu’on ne peut refuser ; que nous nous sommes adressés à madame la duchesse d’Enville, pour qu’elle fasse parlera M. de Vergennes par M. de Maurepas [2] ; et qu’en même temps nous avons envoyé à M. l’ambassadeur du roi de Prusse le modèle du sauf-conduit demandé. Madame la duchesse d’Enville sentira que nous n’avons pu nous empêcher d’instruire de tout le ministre du roi de Prusse, parce qu’il a des ordres

  1. Belleval, lieutenant de l’élection d’Abbeville.
  2. Voyez cette lettre, t. XIX, p. 181, des œuvres de Voltaire.