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CORRESPONDANCE


en 1765, il apprit en Gueldre, où il apprenait alors l’allemand, qu’il était impliqué dans une affaire criminelle devant quelques gradués d’Abbeville, et même par-devant un juge qui n’était pas gradué ;

Que cette exécrable affaire était suscitée par une cabale qui voulait nuire, à quelque prix que ce fût, à madame de Brou, abbesse de Villancour, ce qui n’est que trop connu ;

Que malgré sa jeunesse, son indignation fut si grande, qu’il résolut de ne jamais revoir une ville troublée par des intrigues si odieuses ;

Qu’il aima mieux se faire soldat à Vesel, dont il se trouva très-proche alors ;

Qu’il regarda la profession d’un bon et sage soldat comme honorable, et ne dérogeant point à sa qualité de gentilhomme ;

Qu’ayant fait son devoir pendant trois années entières avec exactitude, le roi de Prusse, exactement informé de tout le détail de ses régiments, et ignorant qui il était, daigna le faire officier ;

Qu’il se consacra pour jamais au service du roi de Prusse, son bienfaiteur et son maître, et ne s’occupa que de la partie des mathématiques qui regarde la guerrre ;

Que les généraux sous lesquels il a servi ont rendu de lui les témoignages les plus avantageux ;

Que, par un hasard extraordinaire, il a été enfin informé de cet ancien procès criminel intenté contre lui, et de sa sentence de contumace portée par les gradués et non gradués d’Abbeville, contre les lois du royaume. Qu’ayant reçu copie des charges, elles