Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée
55
ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


interrogatoire par dire qu’il ne savait ce qu’il disait.


Du 16 octobre 1765. 3° interrogatoire de Moinel.


Interrogé si d’Étallonde ne lui avait pas parlé de quelques hosties qu’on disait autrefois avoir versé du sang ? A dit que non.

[Ce conte des hosties fut le premier prétexte que prit la cabale. Il n’a jamais été question d’hosties. Cela seul fait voir la source de ces délations horribles. On fit courir le bruit dans toute la France que les accusés avaient percé le saint sacrement à coups de couteau.]

Interrogé si d’Étallonde n’a pas fait quelque expérience avec ces hosties ? A dit que non. Interrogé s’il n’a pas chanté une ancienne chanson de corps de garde qu’on appelle la chanson de Saint-Cyr ? A dit que d’Étallonde l’a chantée.

[Tantôt on dit que les accusés ont mutilé un crucifix sur le grand chemin (lieu peu convenable à sa sainteté), tantôt on dit que non. Donc la cabale n’agissait que sur des bruits vagues et calomnieux.]


Du 27 février 1766. 4° interrogatoire de Moinel.


Dit qu’il a vu le sieur d’Étallonde insulter une croix sur le grand chemin. Interrogé s’il n’a point entendu d’Étallonde traiter le Christ de J… F ? A dit qu’il croyait que oui. Interrogé si quelqu’un n’avait pas gardé une hostie et ne l’avait pas percée pour voir s’il en sortirait du sang ? A répondu que non ; mais que cette histoire lui avait été con tée par le sieur Douville.

[On a déjà vu que Moinel était un pauvre enfant à qui on faisait dire tout ce qu’on voulait.

Le sieur d’Étallonde nie formellement qu’il ait jamais prononcé ces infâmes paroles, et ose en prendre Dieu même à témoin.]

Interrogé s’il sait que d’Étallonde ait vidé ses entrailles dans un cimetière non loin d’un crucifix ? A répondu qu’il l’avait entendu dire.

[Toujours des ouï-dire ! Et où serait le crime d’avoir été pressé de ses nécessités dans un cimetière dans lequel il y avait une croix ?]


Du 2 octobre 1765. Ier interrogatoire du chevalier de La Barre.


Le chevalier de La Barre dit qu’en effet d’Étallonde et lui avaient leur chapeau sur la tète pendant une petite pluie, assez loin d’une procession de capucins, le jour de la Fête-Dieu, et qu’ils allaient dîner à l’abbaye de Villancour.

[On a déjà répondu à celte vaine accusation.]

Interrogé s’il a dit qu’il ne com-


[Le sieur d’Étallonde n’a ja-