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CORRESPONDANCE


avoir entendu chanter plusieurs fois des chansons sur les saints au sieur d’Étallonde. Raime son mari dit la même chose.

[laquelle il y ait des indécences, il ne s’en souvient pas. Son application au service du son maître, et l’étude des fortifications lui ont fait oublier ces puérilités.]

Ajoute qu’il a ouï dire au sieur Saveuse que ledit Saveuse avait entendu dire au sieur Moinel que le sieur d’Étallonde avait insulté un crucifix planté sur le Pont-Neuf.

[Des ouï-dire ne sont rien.]


Du 3 octobre 1765. Ier interrogatoire de Moinel.


Moinel, enfant de quatorze ou quinze ans, dit que le sieur d’Étallonde était fort loin d’une procession de capucins, quand il nota pas son chapeau. Interrogé malignement si ce n’était pas bravade ? A dit que non. Si d’Étallonde ne s’en était pas vanté ? A dit que non.


Du 7 octobre 1765. 2° interrogatoire de Moinel.


Ledit Moinel se contredit ensuite. Il accuse d’Étallonde d’avoir dit sacre D… pourquoi ôter son chapeau de si loin devant des capucins . Mais a confirmé que le sieur d’Étallonde ne s’en était pas vanté.

[Ce Moinel, qui s’est tant contredit, fut regardé comme un enfant imbécile dont les juges n’osèrent achever le procès, lorsqu’on eut reconnu enfin dans Abbeville que cette abominable affaire n’avait été entamée que par une querelle de quelques familles. C’est une chose publique.]

Ensuite interrogé si, dans la con vernation, d’Étallonde ne lui a pas tenu des discours impies ? Dit qu’un jour devant un nommé Blondin, le sieur d’Étallonde dit qu’il était bien difficile de prouver l’existence de Dieu, etc. Ajoute que d’Étallonde lui a chanté une fois une chanson. Dit la Madeleine ; que le sieur Douville de Maillefeu a chanté la même chanson. Dit que d’Étallonde, pressé d’un besoin en passant par un cimetière, avait satisfait à ce besoin quoi qu’il y eût un crucifix. Il finit son