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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


problème des cordes vibrantes. J’avoue à ma honte que je l’ignorais aussi, et que depuis les injustices que j’essuyai sur les éléments de Newton, j’ai renoncé, il y a environ quarante ans, aux mathématiques.

Je ne sais ce que c’est que les Éléments de géométrie de l’abbé de la Chapelle. Il est donc évident que ni cet abbé, qui écrase Sabotier, ni moi, qui me suis moqué de lui avec Pégase [1], ne pouvons avoir fait ces morceaux de la lettre du Théologien qui fait tant de bruit à Paris.

Je ne serai point étonné que tout le clergé, dont on ne parle qu’avec horreur dans cette lettre, en demande justice à grands cris, et l’obtienne très-aisément. Il est, après tout, le premier ordre de l’État, et il est en droit de se plaindre. Le ministère peut se joindre au clergé, et trouver fort mauvais qu’on dise, à la page 82 [2], que c’est du peuple que les princes ont reçu leur autorité. Il dira que le roi a reçu sa couronne de soixante-cinq rois ses ancêtres, par la même loi que tout particulier hérite du bien de son père. Il ne fallait pas sans doute joindre la cause des évêques, et même des rois, à la cause d’un abbé Sabotier ; il ne fallait pas donner de pareilles armes à ce polisson ; il ne fallait pas le mettre en droit de dire : On blasphème contre l’Église, contre le roi et contre moi. L’abbé qui a fourni le canevas

  1. Dans le Dialogue de Pégase et du vieillard, qui est aussi de 1774.
  2. Tome V, page 334.