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CORRESPONDANCE

Adieu, mon cher et illustre maître ; croyez que personne n’est plus sensible à votre souvenir, ne vous aime, ne vous admire davantage du fond du cœur, et ne vous est plus inviolablement uni, non en Jésus-Christ, mais en Teucer [1], dans l’amour de la vérité, de l’humanité, et dans la haine pour leurs ridicules et atroces ennemis.

M. D’Alembert me charge devons dire qu’il a reçu et distribué les exemplaires des Lois de Minos.


12. A CONDORCET.


23 mai 1773.


Vous êtes un vrai philosophe, Monsieur, c’est-à-dire un vrai sage, et vous rendez la philosophie bien aimable par les grâces de votre esprit. Il ne faut que deux hommes comme vous et M. D’Alembert pour conserver le dépôt du feu sacré que tant d’hypocrites veulent éteindre ; et, Dieu merci ! vous avez dans Paris un très-grand nombre d’honnêtes gens qui vous secondent. Ainsi, Monsieur, ne vous découragez jamais. Quand la raison a mis une fois le pied dans un pays, on peut la persécuter, on peut la faire taire pour quelque temps ; mais on ne peut la chasser. Vous serez toujours à la tête des sages. C’est la plus belle place du monde à mon gré.

Je fais bien plus de cas des secrétaires que des fondateurs. Je me tais pour le présent sur le reste.

  1. Personnage des Lois de Minos.