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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


tout le maître de ceux dont vous parlez, mais un maître doux et modeste. C’est un roi qui fait l’histoire de ses sujets. Je parle des Français, car pour Huyghens et Roëmer, je les mets à paît. Je n’ose vous remercier, parce que je n’ose me reconnaître dans un de vos portraits. Si vous voyez M. de Lalande, je vous supplie de lui dire que mon triste état m’a empêché jusqu’à présent à lui faire réponse sur Cogé pécus [1], mais que si j’en réchappe il aura bientôt de mes nouvelles.

Il est bien étrange que je sois obligé, la mort sur les lèvres, de répondre à un avocat [2], et que je sois en quelque façon partie dans le procès de M. de Morangiés.

Je soumets mes raisons à vos lumières. Il me semble que la cause de M. de Morangiés ne devrait être jugée que par des philosophes qui savent peser les probabilités.

Regardez, je vous prie, Monsieur, comme une démonstration les assurances de ma respectueuse estime et de mon tendre attachement.

Le vieux malade de Ferney.


1er mars 1773.

Je vous envoie ce chiffon par M. Marin. Si vous

  1. L’abbé Cogé, régent de rhétorique au collège Mazarin, qui avait donné à ses élèves, pour sujet de composition : Non magis Deo infensa est quam regibus ista quœ vocatur hodie philosophie.
  2. Falconnet, avocat des Véron, contre le comte de Morangiés, soutenu par Voltaire. Voyez, tome XLVII des œuvres de Voltaire, Réponse à l’écrit d’un avocat