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CORRESPONDANCE


qu’il mettra les choses sur un très-bon pied. Les ouragans passent, et la philosophie demeure.

Si le jeune auteur d’une tragédie nouvelle a l’honneur d’être connu de vous, Monsieur, et s’il y a, comme vous le dites, un grain de philosophie dans sa pièce, conseillez-lui de la garder quelque temps dans son portefeuille. La saison n’est pas favorable. Je vais faire venir, sur votre parole, l’Histoire de l’établissement du commerce dans les Deux-Indes[1]. J’ai bien peur que ce ne soit un réchauffé avec de la déclamation. La plupart des livres nouveaux ne sont que cela.

Un barbare vient de m’envoyer, en six volumes, l’histoire du monde entier, qu’il a copiée, dit-il, fidèlement, d’après les meilleurs dictionnaires.

Embrassez pour moi, je vous prie, mon cher secrétaire. L’Académie n’en a point encore eu de pareil. Je mourrais bien gaiement si vous pouviez faire encore un petit voyage avec lui.


7. À Condorcet[2].
1er septembre 1772.

L’abbé Pinzo[3], Monsieur, écrit trop bien en français ; il n’a point le style diffus et les longues

  1. Par l’abbé Raynal, dont la première édition en 6 volumes in-8o, imprimée à Nantes, venait de paraître. B.
  2. Voltaire, t. LXVII, page 517.
  3. Condamné à la prison perpétuelle par Clément XIV. Une lettre adressée au pape eu son nom fut attribuée à Voltaire.