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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.

Présentez, je vous supplie, mon respect à madame Denis. Si le brave ennemi des tyrans du mont Jura[1] est à Ferney, rappelez-moi dans son souvenir. Les marchands de croquet azyme se plaignent que le commerce tombe tous les ans. Les femmes mêmes ont l’estomac trop faible pour faire un déjeuner aussi solide.

La lecture ne vaut assurément rien pour l’estomac, et il faut que d’ici à quelque temps le commerce des livres soit arrêté, ou que celui des croquets cesse absolument.

Voilà les nouvelles du temps. Je n’en ai point de meilleures à vous mander.

Ce mardi, dit vulgairement le mardi saint.


6. À Condorcet[2].
11 mai 1772.

J’ai été tenté de me mettre dans une grosse colère à l’occasion de ce qui s’est passé à l’Académie française[3] ; mais quand je considère que M. D’Alembert a bien voulu être notre secrétaire perpétuel, je suis de bonne humeur, parce que je suis sûr

  1. M. Christin, avocat, défenseur des serfs du mont Jura contre les moines de Saint-Claude.
  2. Voltaire, t. LXVII, page 443.
  3. Delille et Suard avaient été élus dans la même séance (6 mars 1772). Le roi refusa de sanctionner ces deux choix. Delille fut repoussé comme trop jeune ; Suard, comme disgracié de la cour, qui venait de lui ôter la Gazette.