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CORRESPONDANCE


toutes les bégueules titrées l’ayant trouvée irréligieuse lorsqu’on l’a jouée à Versailles, et lui en ayant fait des reproches, il a dit que ce n’était plus la même. Nous l’avons convaincu d’avoir menti, et voilà qu’il est regardé dans son parti comme un confesseur. On le compare aux saints pères qui mentaient si effrontément pour la foi, et il aura une grosse pension sur l’abbaye de Thélème à la première promotion. En attendant, on a défendu, à sa sollicitation, l’impression et la représentation du même ouvrage qu’il avait approuvé. Assurément cet homme aurait encore besoin qu’on lui donnât des conseils raisonnables[1].

Notre ami[2] est secrétaire perpétuel de l’Académie française. Les ennemis de la philosophie ont fait une belle défense ; mais les soldats de Gédéon vaincront toujours les Madianites en les éblouissant à force de lumière. Vous savez sans doute le détail de tout cela. On parle des mœurs et des principes que doivent avoir ceux qu’on recevra à l’avenir, et les gens qui ont sollicité cette lettre ou qui y applaudissent sont le maréchal de Richelieu, le Paulmy, le Séguier et l’abbé de Voisenon.

Quis tulerit Gracchos de séditions querentes[3].

Adieu, mon illustre maître ; envoyez-moi ce neuvième volume pour que je ne me croie pas oublié de vous.

  1. Conseils raisonnables à M. Bergier pour la défense du Christianisme, t. XLIV des œuvres de Voltaire.
  2. D’Alembert.
  3. Juvénal, sat. II, v. 24.