heureuse et définitive entre Condorcet et son illustre ami le duc de la Rochefoucauld. Quand la séparation éclata, les ennemis de Condorcet cherchèrent
à l’envenimer ; ils crièrent à l’ingratitude ; ils prétendirent que la Rochefoucauld avait constitué de son
plein gré une rente perpétuelle de 5,000 fr. en faveur
du savant académicien, au moment de son
mariage, et que la rupture fut suivie de la demande
brutale et impérative du capital. M. de Lamartine a
recueilli ces bruits ; on ne peut lui en faire un reproche, ils étaient fort répandus. Pour moi qui ne
devais pas m’en rapporter à la rumeur publique,
j’accomplissais un devoir en prenant avec soin les
informations qui pouvaient me conduire à la vérité.
La vérité, j’ai eu l’avantage de la découvrir, et, je le
dis avec bonheur, elle ne jettera aucune ombre sur
la brillante figure de Condorcet ; elle montrera qu’il
est des hommes heureusement nés, qui, pendant
une vie agitée, au milieu des circonstances les plus
difficiles, trouvent le secret de ne pas payer leur
tribut à la fragilité humaine.
Deux voies s’offraient à moi pour arriver à mon but : je pouvais consulter des contemporains et amis désintéressés du fils de la respectable duchesse d’Enville, et recourir ensuite à des documents écrits. M. Feuillet, bibliothécaire de l’institut et membre de l’Académie des sciences morales et po-