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CLXXVI
REMARQUES


présomptif d’une couronne, je passe condamnation sur l’accusation blessante dont Condorcet a été l’objet de la part de M. de Lamartine.

Cette accusation porterait-elle sur l’amour de l’argent, la plus âpre, la plus vive, et je puis ajouter la plus vile des ambitions ? Toute réfutation à cet égard serait superflue, après tant de traits de désintéressement que j’ai cités dans ma biographie. Voudrait-on, enfin, car je dois tout prévoir, parler de l’ambition si commune et cependant si puérile qui consiste à accaparer des centaines de titres scientifiques et littéraires ? Je ferai remarquer que personne ne les envisageait avec plus de philosophie que Condorcet, lui qui avouait franchement que dans le plus grand nombre de cas on obtenait ces titres plutôt par l’exactitude que l’on mettait dans sa correspondance, que par le mérite réel de ses travaux.

Condorcet n’a été dans sa vie animé que d’une seule ambition, celle de faire prévaloir ses idées : lorsqu’on n’a été guidé que par l’inspiration de sa conscience, une telle ambition n’a rien dont un honnête homme doive rougir.

M. de Lamartine joue vraiment de malheur toutes les fois qu’il met Condorcet en scène. Les documents sur lesquels il écrit, qu’il s’agisse de grandes comme de petites choses, sont constamment entachés de légèreté ou d’erreur.